Opération Cobra
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L’opération « Cobra » : la percée est le nom de code de l'offensive alliée menée en juillet 1944 afin de s'ouvrir la route de la Bretagne et d'enfoncer les lignes de défense allemandes.
[modifier] Contexte
Près d’un mois après le débarquement du 6 juin, les Américains piétinent dans l’enfer du bocage normand : 1 million d'hommes forment la tête de pont et commencent à se sentir à l'étroit.
Il est impossible aux alliés de lancer leurs chars à travers des champs barrés par les haies et les chemins creux abritent des canons d'artillerie allemands. Les pertes sont très lourdes, la progression américaine, entre La Haye-du-Puits et Lessay, leur coûte 1 000 morts au km et rien que la prise du Mont Castre, 5 000 hommes.
Les soldats sont épuisés, trempés jusqu'aux os par les pluies continuelles qui retardent toute offensive.
George Patton est arrivé avec son armée dans le Cotentin ; il connaît bien la zone d'Avranches puisque son voyage de noces l'a conduit au Mont-Saint-Michel. Pour s'affranchir des obstacles formés par les haies, ses chars sont équipés du dispositif « Hedgecutter » mis au point par le sergent Curtiss G. Culin Jr : les blindés défoncent et traversent les haies avec une facilité dérisoire. Les char ainsi équipés étaient parfois surnommés "Rhinocéros".
Afin de déstabiliser définitivement la ligne de défense allemande, une attaque d'envergure est décidée : elle s'appelle l'opération Cobra et doit permettre la percée décisive dans les lignes allemandes.
[modifier] La percée
Le général Omar Bradley, commandant de la 1e armée, la conçoit ainsi : un bombardement aérien de saturation sur un périmètre restreint doit annihiler toute défense et créer la brèche dans laquelle ses unités s'engouffreraient. Son choix s'est porté sur la zone entre les villages de La Chapelle-en-Juger et Hébécrevon, à quelques kilomètres au nord de la grande route joignant Saint-Lô à Coutances.
Une première tentative, le 24 juillet, tourne au désastre car les bombardiers alliés bombardent une partie des premières lignes américaines, tuant ou blessant 150 hommes. Le lendemain, le 25 juillet, l'opération est cependant renouvelée en coordination avec les Britanniques qui multiplient leurs attaques près de Caen pour fixer les Allemands : Rommel tombe dans le piège en massant ses Panzers dans le Calvados. Trois heures durant, 1 500 B-17 et B-24 labourent leurs cibles, appuyés de bombardiers moyens et de chasseurs-bombardiers attaquant au napalm : le plus grand bombardement en tapis de la Seconde Guerre mondiale est en cours.
La Panzer Lehr Division du lieutenant-général Fritz Bayerlein, déplacée depuis peu dans ce secteur, est littéralement pulvérisée. Des chars Panther de 45 tonnes sont soulevés par le souffle des déflagrations et démantibulés comme des jouets d'enfant. Des fantassins sont enterrés vivants dans leurs abris et les rares survivants, hébétés, se rendent sans combattre ou s'enfuient.
Une brèche s'étant ouverte, les colonnes blindées américaines foncent vers le sud. Le 26 juillet, le VIIe corps US du général Collins progresse d'une dizaine de kilomètres, enlevant Saint-Gilles puis Canisy après avoir franchi la route allant de Coutances à Saint-Lô. Le front allemand commence à craquer de toutes parts et s'effondre dès le lendemain : les divisions blindées américaines déferlent irrémédiablement vers le sud et l'ouest. Marigny, Lessay et Périers sont enlevées dans la journée. Coutances est libérée le 28 par la 4e division blindée US du général Wood.
Des unités allemandes entières sont encerclées, comme dans la poche de Roncey. Des milliers d'hommes sont capturés, désarmés et le plus souvent laissés sur place, faute de temps pour les conduire vers un camp. Von Choltitz, commandant du 84e corps, tente vainement de reconstituer de nouvelles lignes de défense, devenues caduques avant même d'avoir pu être édifiées. Rien désormais ne peut plus stopper les Américains.
Le 30 juillet, la 6e division blindée US du général Grow traverse Bréhal et dépasse Granville sans s'arrêter. Le soir même, Wood, fonçant toujours en pointe, s'empare d'Avranches. Dès le lendemain, il réussit à prendre intact le pont de Pontaubault, sur la Sélune, voie de passage du plus haut intérêt stratégique vers la Bretagne. En moins d'une semaine, les troupes de Bradley ont réalisé une percée de 60 kilomètres et fait 18 000 prisonniers.
La bataille vient brutalement de changer de visage. La rupture est faite et la guerre d'usure cède alors sa place à une guerre de mouvement.
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