Agence France-Presse
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L' Agence France-Presse (AFP) est la plus importante et la plus ancienne agence de presse française. C'est également la troisième agence au niveau mondial.
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[modifier] Histoire
L'Agence France Presse est fondée en 1835 par le publiciste Charles-Louis Havas, sous le nom d'« Agence des feuilles politiques, correspondance générale ». C'est la plus ancienne agence de presse au monde. L'activité d'origine de cette petite entreprise parisienne consiste à traduire et importer les nouvelles données par les journaux étrangers, et à compiler celles données par les journaux français. C'est ainsi que naît le métier d'« agencier papier ».
Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), Charles-Louis Havas va développer son activité de manière à se rendre indispensable pour l'ensemble de la presse parisienne. En 1838, le gouvernement charge Havas de lui confectionner une « correspondance ministérielle » pour tenir informés les agents de l'État, dessinant les prémices des relations étroites entre l'État et l'Agence. Le réseau de correspondants à l'étranger s'étend, les moyens les plus rapides sont employés pour transmettre les informations. L'Agence des feuilles politiques est ainsi en pointe pour l'utilisation du télégraphe, dès 1845.
Charles-Louis Havas cède la place à ses deux fils, Charles-Guillaume et Gustave, en 1852. Ils développeront en 1855 une nouvelle activité, plus lucrative que l'information, la publicité. Pour réduire les coûts, ils passeront des accords de partage du monde avec deux concurrents, anciens employés de leur père : Julius Reuter qui s'est installé à Londres, et Bernhard Wolff qui est à Berlin.
En 1879, à la retraite d'Auguste Havas, l'entreprise perd son caractère familial pour devenir une Société Anonyme (SA). C'est l'époque où la presse connaît un développement rapide, notamment en France grâce à la loi du 29 juillet 1881, dite loi Hébrard. Les moyens techniques qui permettent d'acheminer l'information progressent aussi. Havas investit dans le téléphone, le téléscripteur et les ondes longues radio. Dans les années 1930, une nouvelle révolution technologique, les ondes courtes améliorent encore les communications, à tel point que les accords entre agences de presse sont rompus, chacun développant son propre réseau. Les investissements sont lourds, et le gouvernement français trouve son intérêt à en financer une partie estimée à plus de 47 %, car le réseau de Havas intègre la présence française à l'étranger dans un contexte international tendu.
Lorsque la France est envahie par l'Allemagne en 1940, l'agence perd son indépendance. La branche publicité reste dans le privé, sous le nom d'Havas, et la branche information intègre le giron de l'État français sous le nom d'Office français d'information (OFI).
Des agences résistantes sont créées : l'Agence française d'information (AFI) à Londres en 1940, l'Agence France-Afrique à Alger en 1942, et l'Agence d'information et de documentation (AID) en zone occupée en avril 1944.
Lors de la Libération de Paris, le 20 août 1944, des journalistes membres de la Résistance s'emparent de l'OFI. Ils émettent la première dépêche d'une agence libre qui prendra le nom d'Agence France-Presse, en vertu d'une ordonnance du 30 septembre 1944. L'Agence a le statut d'établissement public.
Les années d'après-guerre sont consacrées à la refondation d'un réseau national et international aussi puissant que celui de feue l'agence Havas. Les efforts paient puisque l'AFP est le premier média occidental à annoncer la mort de Joseph Staline, le 4 mars 1953.
L'AFP souhaiterait désormais devenir autonome, et non plus une agence semi-gouvernementale. Ce souhait est exaucé le 10 janvier 1957, grâce au vote d'une loi spécifique sur son statut. Jean Marin est le premier président élu selon les nouvelles modalités. Il gardera son poste jusqu'en 1975, développant le réseau, les moyens techniques les plus modernes, et une clientèle toujours plus large. Ainsi en 1971, l'AFP utilise le satellite pour transmettre ses dépêches. En 1973, le conseil d'administration décide d'informatiser la rédaction, un plan qui entrera en œuvre à partir de 1975.
À partir des années 1980, l'AFP développe de nouveaux produits, misant sur la diversification. En 1985, elle fonde son service photo international. En 1988, elle lance ses infographies. Si bien qu'en 1991, le chiffre d'affaires dépasse le seuil du milliard de francs, en même temps que la part de l'État dans ce chiffre passe sous la barre des 50%. En 1996, l'AFP livre un journal internet clés en main. En 2000, apparaissent les infographies animées, pour Internet. En texte, le nombre de langues augmente : la dernière est l'italien, en 2001. L'AFP se décentralise également, ouvrant des directions régionales indépendantes à Hong Kong en 1982 ou Montevideo en 1997.
[modifier] Présentation
L'AFP, plus grande agence de presse francophone, est la troisième au plan mondial, derrière l'agence américaine Associated Press (AP) et la britannique Reuters.
Le siège de l'AFP est à Paris, elle dispose d'un réseau de 110 bureaux dans 165 pays regroupés en cinq grands centres régionaux :
- Washington DC (Amérique du Nord)
- Hong Kong (Asie-Pacifique)
- Montevideo (Amérique latine)
- Nicosie (Moyen-Orient)
- Paris (Europe et Afrique)
En 2004, l’AFP compte 2 000 collaborateurs (1 200 journalistes dont 200 photographes), et 2 000 pigistes répartis sur les cinq continents et de 81 nationalités.
L’État français est traditionnellement son premier client (près de 40% du chiffre d'affaires en 2004) pour la fourniture d'information aux organes gouvernementaux, principalement les ministères, les préfectures et les ambassades. Le reste se répartit entre le marché prioritaire de l'Agence, celui des médias et organes d'informations à travers le monde. Viennent ensuite des entreprises dans d'autres secteurs.
L'AFP fournit de l'information sous forme de textes (en six langues), de photographies, d'infographies et de vidéos.
[modifier] Statut
L'AFP dispose d'un statut particulier défini par la loi du 10 janvier 1957. Ainsi c'est « un organisme autonome doté de la personnalité civile et dont le fonctionnement est assuré suivant les règles commerciales ». Sa mission est donc « de rechercher tant en France qu’à l’étranger les éléments d’une information complète et objective » et de les « mettre à la disposition des usagers ». Le Conseil d'État l'a qualifiée d'organe de droit privé sui generis dans un avis d'assemblée du 10 juin 2004 relatif au statut juridique du siège de l’Agence. Globalement, les spécialistes de droit public s'attachent pourtant à en faire une personne de droit public sui generis ou innommée (Jean Waline).
L'AFP est gérée par un conseil d'administration de 16 membres :
- 8 représentants des directeurs d'entreprises françaises de publication de journaux quotidiens
- 2 représentants du personnel de l'AFP
- 2 représentants de la radiodiffusion-télévision française
- 3 représentants des services publics : le Premier Ministre, le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et le ministre des affaires étrangères nommant chacun un représentant.
- le président directeur général (PDG), choisi par le conseil d'administration en dehors de ses membres, élu par au moins 12 voix pour un mandat d'une durée de 3 ans renouvelable.
La loi de 1957 a également institué un conseil supérieur de 8 membres, qui veille à l’accomplissement par l’AFP de la mission qui lui est impartie par ses statuts ; celui-ci est susceptible de recevoir des plaintes des usagers ou des professionnels, et de sanctionner le PDG. Il est généralement qualifié de juridiction administrative spéciale (Jean Waline) ou d'autorité administrative indépendante (Rapport 2001 du Conseil d'État).
Enfin une commission financière composée de deux membres de la Cour des comptes et d'un expert désigné par le ministre de l’économie et des finances surveille sa gestion financière.
Son statut particulier l'autorise à ne pas avoir de directeur de la publication. Elle échappe donc au système classique de la responsabilité pénale en cascade prévue par la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Le PDG de l'AFP n'est pas pour autant responsable des écrits de ses agenciers.
[modifier] Financement
L'AFP ne dispose pas de capital, ni d'actionnaires, seulement de dotations de fonds propres. Son statut lui interdit d'être directement subventionnée par l'État, ce qui mettrait en doute son indépendance. Elle dépend donc de ses seules ressources commerciales, mais 40% de son chiffre d'affaires en 2004 provient des abonnements de services publics dépendant du gouvernement français. En tant que premier client et membre important du conseil d'administration, de fait l'État fixe lui-même le prix de son abonnement, selon les moyens qu'il veut attribuer à l'Agence. Chaque année lors de la discussion du budget, les représentants de l'État ont en effet une voix prépondérante. Il s'agit donc d'un système de subventionnement déguisé. Malgré ce poids financier de l'État, les journalistes revendiquent l'indépendance absolue de la ligne éditoriale de l'agence.
En novembre 2003, l'entreprise a passé avec l'État un Contrat d'objectifs et de moyens pour rétablir d'ici 2007 une situation financière préoccupante. Celle-ci a d'ailleurs entraîné la vente par crédit-bail du siège historique de l'Agence (place de la Bourse à Paris).
[modifier] Présidents
- 1944 - 1945 : Martial Bourgeon
- 1945 : François Crucy
- 1945 - 1947 : Maurice Nègre
- 1947 - 1950 : Paul Louis Bret
- 1950 - 1954 : Maurice Nègre
- 1954 - 1975 : Jean Marin
- 1975 - 1978 : Claude Roussel
- 1978 - 1979 : Roger Bouzinac
- 1979 - 1986 : Henri Pigeat
- 1987 - 1990 : Jean Louis Guillaud
- 1990 - 1993 : Claude Moisy
- 1993 - 1996 : Lionel Fleury
- 1996 - 1999 : Jean Miot
- 1999 - 2000 : Eric Giuly
- 2000 - 2005 : Bertrand Eveno
- 2005 - 2008 : Pierre Louette, précédemment directeur général de l'agence.
[modifier] Anecdotes
- En juillet 2006, dans une optique de démocratisation de l'information, avant traitement médiatique, a débuté une expérience de projection murale des dépêches AFP en temps réel et en continu, dans l'espace « Vie du citoyen » de la bibliothèque des Champs Libres, nouvel équipement culturel de Rennes.